SEC américaine autorise : le début de la tokenisation de titres d'une valeur de plusieurs billions de dollars, lancement de la phase de finance en chaîne

L’Autorité des marchés financiers des États-Unis (SEC), par le biais de son département des transactions et des marchés, a émis une lettre d’absence d’objection à l’un de ses filiales les plus importantes, la Depository Trust & Clearing Corporation (DTCC), permettant la mise en place d’un projet pilote de services de tokenisation des titres. Cette décision signifie que des titres à forte liquidité, comprenant notamment les composants de l’indice Russell 1000, des ETF indiciels majeurs et des obligations américaines, pourront être convertis en certificats numériques sur blockchain pour leur transfert et leur enregistrement. Le pilote devrait débuter au premier semestre 2026 pour une durée de trois ans. Cette initiative est qualifiée par la commissaire de la SEC, Hester Peirce, de « étape importante pour transférer le marché sur la blockchain », marquant une nouvelle étape concrète dans la fusion entre la finance traditionnelle (TradFi) et la technologie blockchain.

Signification historique de la lettre d’absence d’objection de la SEC

En 2024, les régulateurs financiers américains ont donné un coup d’accélérateur crucial à la tokenisation d’actifs. La lettre d’absence d’objection adressée par la SEC à la Depository Trust & Clearing Corporation (DTC) ne constitue pas simplement une autorisation, mais une déclaration de posture réglementaire historique. Elle indique que les autorités commencent à offrir un espace d’expérimentation officiel pour explorer des solutions blockchain dans un marché de titres traditionnel, volumineux et complexe. La nature même de cette lettre est une promesse de la SEC : en cas de conformité du plan soumis par DTC, aucune action en justice ne sera engagée. Cela élimine une grande part d’incertitude pour les institutions financières souhaitant innover dans un domaine aussi sensible que la gestion des titres.

Ce contexte s’inscrit dans une longue tradition d’acteurs majeurs de la finance comme JPMorgan ou BlackRock qui ont déjà investi dans ce secteur depuis plusieurs années. La levée de frein de la SEC peut être vue comme une reconnaissance officielle de cette tendance, ainsi qu’une orientation réglementaire. Elle marque le passage d’une posture initialement prudente et observatrice à une participation conditionnelle et à une régulation encadrée. Comme le souligne Hester Peirce, la commission voit la cryptomonnaie comme un processus itératif : elle accueille et encourage une innovation continue et des expérimentations de la part du marché. La présente lettre concrétise cette philosophie de régulation par une approche d’itération.

Pour l’ensemble du secteur cryptographique comme pour la finance traditionnelle, cet événement envoie un signal fort : la tokenisation des titres (Security Tokenization) ne se limite plus à une phase de preuve de concept ou à une expérimentation marginale, mais s’inscrit désormais dans le cœur des infrastructures financières classiques. Bien que la « lumière verte » réglementaire comporte encore des restrictions (par exemple, limitée aux titres très liquides, pour une période de trois ans), sa portée symbolique et sa valeur de pionnier dépassent largement ces contraintes temporaires, en ouvrant la première porte à la tokenisation d’actifs estimés à plusieurs milliers de milliards de dollars.

La feuille de route de DTCC pour la tokenisation

En tant que « plombier » du système financier américain, la DTCC et sa filiale DTC assurent la compensation et la garde de la majorité des actions et des produits à revenu fixe aux États-Unis, avec un volume d’actifs en garde atteignant plusieurs centaines de milliers de milliards de dollars. Leur entrée sur le marché signifie que la tokenisation passera d’une expérimentation marginale à un traitement central dans le système financier. Selon les responsables de la DTCC, leur modèle de tokenisation ne consiste pas à créer de nouveaux actifs numériques, mais à représenter sous forme numérique les certificats de droits (Security Entitlements) relatifs aux titres existants.

Plus précisément, les participants éligibles à la DTC (généralement de grandes banques ou courtiers) pourront, via un portefeuille enregistré, transférer directement à un autre participant la « tokenisation » de leurs droits sur certains titres. Chaque transfert sera tracé et enregistré sur la blockchain via le système logiciel de la DTC, puis synchronisé avec ses registres officiels. Cela garantit une correspondance totale entre la preuve décentralisée sur blockchain et la propriété juridique hors chaîne. Michael Winnike, directeur des solutions globales et du marché à la DTCC, insiste : il s’agit du « même droit juridique, des mêmes actions », simplement sous une forme différente.

Infos clés du projet pilote de tokenisation de la DTCC

Titres concernés : composants de l’indice Russell 1000, ETF suivant des indices majeurs, bons du Trésor américain / obligations / billets.

Calendrier : lancement prévu au premier semestre 2026.

Cadre technique : fonctionne sur une blockchain approuvée conforme aux standards technologiques de la DTC.

Fonctionnalités principales : transfert direct de droits de titres qualifiés entre parties, enregistré en chaîne par le système de la DTC.

Garantie juridique : droits de tokenisation bénéficiant des mêmes protections légales et mesures de contrôle que la détention traditionnelle, y compris en cas de vol ou de transfert forcé.

La tokenisation : une révolution pour le marché financier

La tokenisation de titres menée par la DTCC aura des impacts bien au-delà d’une simple mise à niveau technologique. Elle pourrait transformer le marché financier selon trois dimensions : efficacité de la compensation, accessibilité du marché et interopérabilité des systèmes. La première et la plus immédiate est l’amélioration de l’efficacité de la compensation. Bien que le pilote ne modifie pas directement le délai de règlement T+2, la blockchain en tant que telle offre une confirmation instantanée des transactions et une impossibilité de modification, ce qui pourrait à terme permettre une compensation en temps réel (T+0 ou immédiate). Cela réduirait considérablement le risque de contrepartie et les coûts opérationnels.

Ensuite, la tokenisation pourrait ouvrir la voie à une activité de marché 24/7. Winnike souligne que cette nouvelle offre blockchain permettra aux investisseurs de transférer des actifs à tout moment, sans se limiter aux horaires d’ouverture traditionnels du marché (du lundi au vendredi). Cela offrirait plus de flexibilité aux investisseurs mondiaux et permettrait de mieux réagir aux événements macroéconomiques en continu, rapprochant ainsi la finance traditionnelle d’un marché cryptographique « never sleep » (ne dort jamais).

Enfin, et c’est peut-être le plus important, cette démarche sert de pont entre la finance classique et l’écosystème numérique. En mappant des titres traditionnels de façon conforme et réglementée sur blockchain, les investisseurs institutionnels pourront explorer plus facilement des applications DeFi, comme utiliser des obligations tokenisées comme collatéral pour des emprunts. Cela ouvre aussi la voie à la future tokenisation d’autres classes d’actifs (capital-investissement, immobilier, etc.) et leur intégration dans un réseau de liquidité unique et régulé.

La course à la tokenisation menée par les géants de la finance traditionnelle

La lettre d’absence d’objection de la SEC à la DTCC marque comme un coup d’envoi, le début d’une course à la tokenisation menée par les grands acteurs de la finance. La voie choisie par la DTCC est celle d’un opérateur neutre, garant de la conservation et de la gestion des titres existants, en proposant un service d’emballage en actifs tokenisés. Cependant, comme l’indique Hester Peirce, d’autres expérimentations existent déjà, notamment avec des émetteurs qui tentent de directement tokeniser leurs propres émissions, permettant aux investisseurs une détention et une négociation plus directe.

Des bourses telles que Nasdaq ont également soumis des propositions à la SEC pour explorer leur propre voie de tokenisation d’actifs. Leurs modèles pourraient davantage s’axer sur la phase précédant la négociation. La diversité des acteurs — opérateurs de compensation et de dépôt, émetteurs, plateformes d’échange — crée un réseau d’expérimentations à plusieurs niveaux. Les régulateurs restent ouverts, soulignant que dans ces phases initiales, la sélection des investisseurs est primordiale, et que le marché teste différentes approches.

L’objectif ultime est de voir la totalité du portefeuille de la DTCC (représentant environ 1000 milliards de dollars d’actifs) migrer vers la blockchain. Pour cela, il faudra que la SEC étende encore ses mesures d’autorisation sans objection. Quoi qu’il en soit, une tendance claire se dessine : au-delà de Bitcoin ou Ethereum, la tokenisation de actifs du monde réel (RWA), sous régulation et pilotée par la finance traditionnelle, devient le prochain terrain de convergence entre blockchain et institutionnels.

La lettre de la SEC, qui peut sembler une simple autorisation pour un service précis de la DTCC, constitue en réalité une étape majeure pour encadrer la blockchain des actifs financiers traditionnels. Elle marque la fin d’un long cycle de friction et de tâtonnement réglementaire, en proposant un équilibre opérationnable. Depuis le réseau de règlement interne de JPMorgan, en passant par le fonds de tokenisation du dollar de BlackRock, jusqu’à la mise en chaîne du système central de dépôt de la DTCC, la progression de la finance traditionnelle vers la blockchain s’accélère, de l’extérieur vers l’intérieur, du simple au complexe. Cela pourrait non seulement apporter une croissance sans précédent de nouveaux actifs et de liquidité sur le marché crypto, mais aussi transformer en profondeur l’efficacité et l’ouverture du système financier mondial. Le lancement de l’ère de la tokenisation d’actifs d’un trillion de dollars est désormais lancé.

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