Les décideurs européens ont récemment finalisé une aide importante : au cours des deux prochaines années, environ 1050 milliards de dollars seront fournis pour soutenir l’Ukraine. Ce chiffre est énorme, représentant en moyenne plus de 500 milliards de dollars par an, suffisant pour maintenir le fonctionnement quotidien du gouvernement local et couvrir une partie des dépenses militaires. Mais ce qui est intéressant, c’est que l’Union européenne avait initialement prévu d’utiliser les actifs d’un grand pays gelés en Europe pour financer cette aide, mais cela n’a finalement pas été réalisé, et l’on s’est tourné vers une mutualisation de la dette.
Pourquoi n’ont-ils pas osé utiliser directement ces actifs gelés ? La raison apparente est simple — plusieurs rounds de négociations n’ont pas abouti. Le pays principal détenant la majorité des actifs gelés n’a pas été convaincu, et les autres États membres avaient chacun leurs réserves. Certains craignaient des risques juridiques, d’autres redoutaient de compromettre la confiance dans le centre financier de la région, ou craignaient des mesures de représailles.
Dans la zone grise du droit financier international, l’utilisation directe des actifs souverains d’un autre pays est une question sensible. Si l’Europe agissait ainsi, cela pourrait ébranler la confiance des investisseurs mondiaux dans les actifs en euro. Les pays et institutions qui ont placé leur argent dans le système financier européen pourraient se demander : mes actifs pourraient-ils aussi être gelés ou détournés ? Cela remettrait en question le statut de l’Europe en tant que refuge financier international. D’un autre côté, l’adversaire détient des outils de contre-mesure — gel des actifs européens sur place, coupure supplémentaire de l’approvisionnement énergétique, voire le lancement de stratégies de guerre hybride plus complexes.
Ces incertitudes rendent difficile une position unifiée au sein de l’UE. Mais un leader d’une force politique majeure en Europe a récemment envoyé un signal clair : l’UE finira par utiliser ces actifs gelés. Ce n’est pas une formule de politesse, mais une déclaration de direction politique. Puisqu’on n’a pas pu toucher au principal cette fois, on commencera par exploiter les revenus et intérêts issus des actifs gelés — en utilisant ces revenus pour soutenir des prêts, ou en mettant en garantie les actifs eux-mêmes. Cela permet d’éviter le risque juridique d’une confiscation directe, tout en montrant à l’intérieur et aux pays concernés que « l’argent vient bien de là ».
Plus intéressant encore, l’Europe est en train d’institutionnaliser ce mécanisme. De la gelée à l’utilisation des revenus, puis à l’éventuel détournement du principal, tout le processus se déploie étape par étape. L’Europe joue un jeu à long terme.
Ces 1050 milliards de dollars suffisent-ils ? Si c’est simplement pour faire fonctionner le gouvernement, payer les salaires, maintenir la sécurité sociale, cette somme comblera pas mal de lacunes. À court terme, le pays ne risque pas de manquer de fonds ou de voir ses opérations s’arrêter. Mais pour mener une guerre de haute intensité ? Ce n’est pas suffisant. La guerre moderne ne consomme pas seulement de l’argent liquide. Munitions, systèmes de défense anti-aérienne, usure des équipements, réparation des infrastructures, sécurité énergétique — ces éléments, même avec de l’argent, ne s’achètent pas toujours, car la chaîne d’approvisionnement, la capacité de production et les délais de livraison sont les véritables goulots d’étranglement.
Particulièrement dans le contexte où l’incertitude autour du soutien américain à l’Ukraine augmente, la capacité de l’industrie militaire européenne à augmenter rapidement sa production, la livraison en temps voulu de munitions anti-aériennes, sont directement liés à la durée de la résistance sur le front. Cet argent ressemble davantage à un « soutien de survie », permettant de maintenir la situation, mais ne garantissant pas la victoire finale.
L’Europe est déterminée à continuer de soutenir le pays, mais la manière de le faire évolue. On passe d’une aide directe sous forme de dons à des prêts, d’un versement unique à des paiements échelonnés. Plus important encore, on passe d’une décision politique temporaire à une organisation institutionnelle à long terme.
L’Europe transforme cette opération en un projet « durable, contrôlable, explicable en interne ». Cela reflète une réalité plus profonde : la relation entre un grand pays et l’Europe est désormais entrée dans une phase de confrontation à long terme. L’Europe ne renoncera pas à son soutien suite à un échec de négociation, et ne lèvera pas volontairement les sanctions en raison du coût élevé. La gelée des actifs, le maintien du cadre de sanctions, la poursuite de l’aide — ces éléments ont évolué d’une mesure d’urgence à une configuration fondamentale de la politique européenne envers ce pays.
La diversification des sources d’énergie s’accélère, les dépenses de défense continuent d’augmenter, et la prévention de l’infiltration de renseignements dans le pays se renforce. Une fois ces changements institutionnalisés, il sera difficile de revenir en arrière à court terme. L’Europe a déjà positionné ce pays comme une menace stratégique à long terme.
À moins qu’un changement de régime fondamental, une réorientation stratégique majeure, ou une crise systémique économique ou militaire ne surviennent, il est peu probable que l’Europe retourne à l’état antérieur, mêlant échanges commerciaux et ambiguïté stratégique.
Ce conflit n’est plus une friction à court terme que l’on peut apaiser en quelques années, mais une ligne de fracture fondamentale dans le cadre de l’ordre mondial pour les dix à vingt prochaines années. La façon dont cette ligne évoluera déterminera non seulement l’avenir de cette région, mais aussi remodelera profondément la géopolitique mondiale, la configuration des approvisionnements énergétiques, et l’avenir de l’ordre financier international.
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Les décideurs européens ont récemment finalisé une aide importante : au cours des deux prochaines années, environ 1050 milliards de dollars seront fournis pour soutenir l’Ukraine. Ce chiffre est énorme, représentant en moyenne plus de 500 milliards de dollars par an, suffisant pour maintenir le fonctionnement quotidien du gouvernement local et couvrir une partie des dépenses militaires. Mais ce qui est intéressant, c’est que l’Union européenne avait initialement prévu d’utiliser les actifs d’un grand pays gelés en Europe pour financer cette aide, mais cela n’a finalement pas été réalisé, et l’on s’est tourné vers une mutualisation de la dette.
Pourquoi n’ont-ils pas osé utiliser directement ces actifs gelés ? La raison apparente est simple — plusieurs rounds de négociations n’ont pas abouti. Le pays principal détenant la majorité des actifs gelés n’a pas été convaincu, et les autres États membres avaient chacun leurs réserves. Certains craignaient des risques juridiques, d’autres redoutaient de compromettre la confiance dans le centre financier de la région, ou craignaient des mesures de représailles.
Dans la zone grise du droit financier international, l’utilisation directe des actifs souverains d’un autre pays est une question sensible. Si l’Europe agissait ainsi, cela pourrait ébranler la confiance des investisseurs mondiaux dans les actifs en euro. Les pays et institutions qui ont placé leur argent dans le système financier européen pourraient se demander : mes actifs pourraient-ils aussi être gelés ou détournés ? Cela remettrait en question le statut de l’Europe en tant que refuge financier international. D’un autre côté, l’adversaire détient des outils de contre-mesure — gel des actifs européens sur place, coupure supplémentaire de l’approvisionnement énergétique, voire le lancement de stratégies de guerre hybride plus complexes.
Ces incertitudes rendent difficile une position unifiée au sein de l’UE. Mais un leader d’une force politique majeure en Europe a récemment envoyé un signal clair : l’UE finira par utiliser ces actifs gelés. Ce n’est pas une formule de politesse, mais une déclaration de direction politique. Puisqu’on n’a pas pu toucher au principal cette fois, on commencera par exploiter les revenus et intérêts issus des actifs gelés — en utilisant ces revenus pour soutenir des prêts, ou en mettant en garantie les actifs eux-mêmes. Cela permet d’éviter le risque juridique d’une confiscation directe, tout en montrant à l’intérieur et aux pays concernés que « l’argent vient bien de là ».
Plus intéressant encore, l’Europe est en train d’institutionnaliser ce mécanisme. De la gelée à l’utilisation des revenus, puis à l’éventuel détournement du principal, tout le processus se déploie étape par étape. L’Europe joue un jeu à long terme.
Ces 1050 milliards de dollars suffisent-ils ? Si c’est simplement pour faire fonctionner le gouvernement, payer les salaires, maintenir la sécurité sociale, cette somme comblera pas mal de lacunes. À court terme, le pays ne risque pas de manquer de fonds ou de voir ses opérations s’arrêter. Mais pour mener une guerre de haute intensité ? Ce n’est pas suffisant. La guerre moderne ne consomme pas seulement de l’argent liquide. Munitions, systèmes de défense anti-aérienne, usure des équipements, réparation des infrastructures, sécurité énergétique — ces éléments, même avec de l’argent, ne s’achètent pas toujours, car la chaîne d’approvisionnement, la capacité de production et les délais de livraison sont les véritables goulots d’étranglement.
Particulièrement dans le contexte où l’incertitude autour du soutien américain à l’Ukraine augmente, la capacité de l’industrie militaire européenne à augmenter rapidement sa production, la livraison en temps voulu de munitions anti-aériennes, sont directement liés à la durée de la résistance sur le front. Cet argent ressemble davantage à un « soutien de survie », permettant de maintenir la situation, mais ne garantissant pas la victoire finale.
L’Europe est déterminée à continuer de soutenir le pays, mais la manière de le faire évolue. On passe d’une aide directe sous forme de dons à des prêts, d’un versement unique à des paiements échelonnés. Plus important encore, on passe d’une décision politique temporaire à une organisation institutionnelle à long terme.
L’Europe transforme cette opération en un projet « durable, contrôlable, explicable en interne ». Cela reflète une réalité plus profonde : la relation entre un grand pays et l’Europe est désormais entrée dans une phase de confrontation à long terme. L’Europe ne renoncera pas à son soutien suite à un échec de négociation, et ne lèvera pas volontairement les sanctions en raison du coût élevé. La gelée des actifs, le maintien du cadre de sanctions, la poursuite de l’aide — ces éléments ont évolué d’une mesure d’urgence à une configuration fondamentale de la politique européenne envers ce pays.
La diversification des sources d’énergie s’accélère, les dépenses de défense continuent d’augmenter, et la prévention de l’infiltration de renseignements dans le pays se renforce. Une fois ces changements institutionnalisés, il sera difficile de revenir en arrière à court terme. L’Europe a déjà positionné ce pays comme une menace stratégique à long terme.
À moins qu’un changement de régime fondamental, une réorientation stratégique majeure, ou une crise systémique économique ou militaire ne surviennent, il est peu probable que l’Europe retourne à l’état antérieur, mêlant échanges commerciaux et ambiguïté stratégique.
Ce conflit n’est plus une friction à court terme que l’on peut apaiser en quelques années, mais une ligne de fracture fondamentale dans le cadre de l’ordre mondial pour les dix à vingt prochaines années. La façon dont cette ligne évoluera déterminera non seulement l’avenir de cette région, mais aussi remodelera profondément la géopolitique mondiale, la configuration des approvisionnements énergétiques, et l’avenir de l’ordre financier international.